Texte de Aude Raux, collectif Argos. La Petite Ceinture deroule son ruban de verdure sur 23 kilomètres autour de Paris. Mise en service en 1852, cette voie de chemin de fer a cesse son transport de voyageurs en 1934, puis son trafc de marchandises en 1993. Aujourd’hui, la Petite Ceinture est un corridor riche d’une exceptionnelle biodiversite sauvage en bordure d’une capitale dense et minerale. Consciente de cette richesse, la mairie de Paris (qui a signe un protocole cadre avec la SNCF proprietaire du site) a lance, en juillet, quatre premiers chantiers participatifs sur quatre tronçons. Objectif : demander aux Parisiens leur avis sur l’avenir de cette ligne verte. La consultation se poursuivra cet hiver ainsi que sur cinq autres parties de la Petite Ceinture, animee, via des evenements festifs, par des collectifs pluridisciplinaires d’urbanistes, de designers, de paysagistes ou encore d’architectes. Le lieu est porteur d’enjeux considerables. Non seulement reserve de biodiversite, poumon vert, et, à l’heure des etes caniculaires, puits de carbone, espace de fraîcheur, mais aussi patrimoine ferroviaire : certains rêvent de voir circuler de nouveau des locomotives sur ses rails. D’autres speculent sur la construction de logements, d’autres encore souhaitent amenager des terrains de jeux ou de sport. En attendant le resultat de cette consultation, de nombreux Parisiens se sont dejà appropries cet espace public devenu un lieu de vie. Les jardins potagers et partages y feurissent. Des associations proposent des visites guidees de ce patrimoine et même des sorties à la cueillette de plantes sauvages comestibles. Une quarantaine de personnes en insertion, chargees de son entretien, confectionnent des sachets de graines « certifees en provenance de la Petite Ceinture ». Cinq tronçons ont ete amenages en sentiers. Des Roms, des refugies ou encore des marginaux ont trouve un abri dans ses tunnels (qui recouvrent 40 % de la voie). Et, sur les 29 gares qui jalonnaient la ligne, 17 sont encore debout, dont plusieurs ont ete reamenagees, comme la Flèche d’Or, la Recyclerie ou le Hasard Ludique. Alors que près de 80 % des Français vivent desormais en zone urbaine et que les villes occupent 20 % du territoire (soit une progression de 19 % en dix ans) le besoin se fait de plus en plus ressentir de se reconnecter, en pleine ville, à la nature.

Auteurs

Jérômine Derigny photo-journaliste