Bangladesh : au pays des îles inconstantes

Bangladesh : au pays des îles inconstantes

Il faut attendre l’arrivée de la mousson pour comprendre pourquoi le grand village d’Abdulhapur est installé sur une plateforme de terre élevée de deux ou trois mètres au-dessus des rizières. Quelques semaines après les premières pluies, la Megnah, le grand fleuve du nord-est du Bangladesh, sort de son lit pour une gigantesque crue. L’inondation recouvre des milliers d’hectares de rizières et transforme les villages comme Abdulhapur en îles. Pour six mois. Une demi-année pendant laquelle hommes et bêtes, pauvres et riches, adversaires politiques et ennemis héréditaires, seront contraints de cohabiter dans la plus étroite proximité. Les propriétaires terriens dont la récolte –unique- aura été satisfaisante vivront cette période de façon plus ou moins oisive, tandis que les sans-terre devront pêcher ou réaliser de menus travaux pour survivre. Mais tous seront unis dans l’espoir qu’une tempête n’emporte pas leur fragile refuge et ses étranges défenses de bambous.

Auteurs

Photo : Laurent Weyl

texte : Donatien Garnier