COMILOG, la dernière coulée.

Dernière coulée avant fermeture

Avec les ouvriers métallurgistes de Boulogne-sur-mer avant la fermeture définitive de trois hauts fourneaux appartenant autant à l’histoire locale qu’à celle de l’industrie française.

Le lundi 23 octobre 2003 le dernier des trois hauts fourneaux fabriquant du ferromanganèse encore en service sur le site de l’usine COMILOG à Boulogne-sur-mer a été définitivement arrêté.

Malgré leur tristesse, les ouvriers ont accueilli la nouvelle avec soulagement : « On ne fera pas la dernière coulée symbolique comme on l’avait prévu mais ce n’est pas grave, commente Bernard Bocquet l’un des responsables de l’intersyndicale, la sécurité n’était plus assurée et les gars avaient de plus en plus peur ».

Le 15 décembre 2003, les trois cent cinquante et un ouvriers travaillant encore sur le site recevront leur lettre de licenciement. Par sa décision de fermer le site de Boulogne le groupe ERAMET (propriétaire de la COMILOG depuis 1999), met un terme à un siècle de sidérurgie boulonnaise.

Et à quatre années d’espoir pour ces employés qui se raccrochaient à l’importance des investissements réalisés autour du HF7, un haut fourneau récent de taille impressionnante et de conception ultramoderne, pour ne plus penser à l’éventualité – catastrophique pour la plupart d’entre eux – d’une fermeture. « On pensait qu’on pouvait pas faire une croix sur 6O millions d’Euros » dit Pascal Wallet, agent de maîtrise.

Une semaine avant l’arrêt du haut fourneau 7, nous nous sommes rendus plusieurs jours à Boulogne-sur-mer. Nous avons assisté à plusieurs coulées de ferromanganèse et interrogé longuement plusieurs ouvriers, représentants syndicaux et cadres de l’entreprise. Ils nous ont parlé de leur métier avec émotion et passion. Nostalgiques, amers, révoltés ou résignés ils nous ont aussi avancé beaucoup de raisons pour expliquer la fermeture de leur site.

Notre travail est un témoignage. Témoignage sur un métier qui appartient à l’histoire industrielle de notre pays. Témoignage sur une activité en voie de disparition en France (Après la fermeture de l’usine de Boulogne, il ne restera plus que neuf hauts fourneaux en France). Témoignage sur des hommes voués corps et âmes à leur outil de travail et souvent désarmés face à l’incertitude des temps à venir. Témoignage sur la place de l’ouvrier français dans une économie mondialisée.

Auteurs

PHOTOGRAPHE :

Guillaume Collanges