Dans le Cantal, Rémi et Bénédicte Richart et leurs trois garçons (12, 10 et 4 ans) ont aménagé leur corps de ferme pour vivre de la manière la plus « éco-résiliente » possible et partagent leurs savoirs au cours de stage en immersion.
Ancienne institutrice, désormais diplômée en médecine chinoise, Bénédicte partage sa semaine entre instruction en famille et consultations. Informaticien devenu installateur de panneaux solaires, Rémi réalise aujourd’hui des diagnostics énergétiques. Expérimentateurs et bricoleurs, Rémi et Bénédicte inventent chaque jour une vie moins énergivore, compatible avec la société « post- effondrement ».

Se définissant parfois comme des « collapsologues solidaires », ils organisent des stages en immersion pour partager leurs savoirs avec des stagiaires qui viennent de Paris, de Lyon, mais aussi de la ville voisine. Nous avons suivi l’un de ces stages. Leurs stagiaires étaient curieux de découvrir leur mode de vie, voire se posaient la question de franchir eux-mêmes le pas. Pendant une semaine, ils ont appris comment se soigner avec des plantes, réaliser une phyto-épuration, etc. Pendant les stages, les enfants ont le droit à des activités spécifiques, comme un jeu de piste sur l’autonomie, au cours duquel ils apprennent, baguette de sourcier à la main, à trouver de l’eau. Une après-midi est aussi consacrée à aider les stagiaires à réfléchir à leur propre projet.
Inquiets de la finitude des ressources naturelles en général, du pétrole en particulier, ils ont entamé il y a plus de dix ans une longue réflexion pour réduire leur consommation énergétique et dépendre de moins en moins de la société de consommation. En famille, ils pratiquent aujourd’hui l’« éco- résilience » au quotidien : ils augmentent petit à petit leur autonomie. « On ne va pas tout changer tout de suite radicalement, expliquent-ils. C’est dur psychologiquement. Généralement, les gens qui vivent en appartement et veulent s’installer en autonomie dans une yourte ne tiennent pas. Or l’important, c’est d’arriver à être heureux dans cette histoire. »
Collapsologues avant la création de la collapsologie, ils font partie d’un réseau de militants très structuré sans pour autant vivre en marge du monde. Leur maison est située au bord de la rue principale d’un village de 600 habitants, chaque voisin qui passe devant chez eux les salue. Bénédicte était candidate sur l’une des deux listes lors des dernières élections municipales. La famille Richart est prête pour la société post-effondrement. Elle a des idées, à partager. Et mise beaucoup sur les rapports humains. Rémi donne l’exemple suivant : « quand les gens ne pourront plus recharger leur téléphone portable, ils vont devenir fous. Nous on leur proposera de le recharger. Et ensuite on pourra discuter de façon apaisée. »

Auteurs

Jérômine Derigny photo-journaliste

Lucie Tourette journaliste