Depuis 90 ans, la fonderie AMAURY coule le bronze. Le grand-père, puis le père, les oncles et enfin les fils : Jean-Claude et Jean-Pierre. Auparavant, la clientèle était principalement constituée d’antiquaires du Faubourg Saint-Antoine. « Quand on était mômes, on allait livré le vendredi avec une charrette à bras, les clients payaient directement en liquide, fallait faire attention à ne pas se faire arnaquer d’une pièce ou deux ».
Les années soixante sont prospères. Puis, au fur et à mesure, les autres fonderies du quartier ont fermé, les commandes s’amenuisaient.
La première guerre du golf fut un passage à vide. La clientèle des antiquaires pour des meubles de style Louis XV ou Louis XVI est principalement américaine. « Que ce soit en restauration ou en création, des meubles dans nos styles se vendent 200 à 300.000 francs. j’ai même vu certaines pièces rares se vendre un million ».
Puis l’activité a repris, sans revenir au niveau d’avant. Au fond de cette petite cour du XXème arrondissement, l’actualité internationale résonne d’autant plus fort qu’elle fait taire le bruit du maillet et dissipe l’odeur de la coulée. Depuis le 11 septembre 2001, la situation a empiré, poussant les deux cousins à ne plus travailler qu’un jour sur deux.

Dernière fonderie traditionnelle de la région parisienne, le savoir faire de la coulée dans un moule de sable risque de disparaître. Dans leur atelier, vestige du Paris ouvrier, les cousins AMAURY espèrent finir les quelques années qui les séparent de leur retraite.

Auteurs

PHOTOGRAPHE :

Guillaume Collanges